Au début, on croit à une gentille petite chronique de la nostalgie enfantine, la famille déménage dans une cité de banlieue, les vacances chez le tonton paysan, le bruit des trains qui passent.
On remarque quand même que le petit Tom n’a pas les mêmes passions que les garçons de son âge : pendant que ceux-ci vont jouer au foot, lui préfère jouer avec les poupées de sa copine Véronique ou bien traîner, fasciné, autour de la grue de Miguel qui broie des Ford Capri et des Renault 19 sur le terrain vague d’à côté. Mais, à partir de la page 92, la gentille petite chronique tourne au drame et vire au fantastique.
Plus d’innocence enfantine : le crime de la bêtise ordinaire. Dès lors la très originale poésie de l’écriture de Denis Lachaud se déploie dans un récit terrible et terriblement doux où l’on voit la petite Véronique, devenue championne de natation, manier l’opinel avec la même dextérité qu’elle mettait à coiffer ses poupées dans la première partie.
Ni roman à thèses sur l’homophobie, ni simple récit autonombrilien, Le vrai est au coffre est un beau roman, tendre et violent, drôle et cruel, où l’imaginaire se substitue efficacement au réel que l’auteur, qui n’en manque pas, a eu bien raison de garder au coffre.
Denis Lachaud, Le vrai est au coffre , Actes Sud, 2005