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Ma première femme, Yann Queffélec

C’est un roman apparemment très autobiographique, qui était supposé parler de la mère de l'auteur-narrateur, mais qui parle surtout du narrateur-auteur :

ma.JPGMarc, de son adolescence dans l’atmosphère un peu étouffante de sa famille, un père catholique, autoritaire et absent, une sœur aveugle et possessive, un ami orphelin et fantasque et surtout une mère musicienne et originale mais dont l’adolescent égoïste refuse de voir arriver la mort, le cancer qui devait l’emporter quelques jours avant son bac.

C’est un bon roman bien sûr, un récit drôle et tendre, très nostalgique, conduit avec art –très habile jonglage d’époques- et dans une langue élégante et précise. Mais ça laisse un peu sur sa faim : c’est vraiment un peu trop centré sur soi, un peu trop complaisant, un peu trop auto-sentimental et ça n’ose sans doute pas affronter complètement en face les vérités de l’enfance, de l’origine sociale, de l’ambiguïté des sentiments. On a un peu l’impression que Yann-Marc continue à jouer tardivement à l’adolescent bien élevé, dont les écarts, y compris littéraires, demeurent finalement conformes aux expériences, tolérées pour son sexe, par son milieu et son époque et qu’il a un peu trop tendance à se regarder dans un miroir dont il aurait pris grand soin de contrôler les ombres.

On a même parfois l’impression que la transposition romanesque n’est pas mise au service de la sincérité : l’auteur utilise son talent pour que son personnage ne le trahisse pas. Malheureusement, ça porte préjudice aux deux : le premier reste un peu enfermé dans l’image trop fabriquée d’adolescent d’autrefois qu’il a dessinée pour le second. Il ne suffit pas de passer mai 68 à la clinique du Ranelagh à se faire opérer d’une péritonite pour se prendre, en le racontant, pour Stendhal faisant rater Waterloo à Fabrice.

Ma première femme, Yann Queffélec , Fayard, 2005

 

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