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chronique de Morsure Dan Nisand

morsure.JPGLe premier roman de Dan Nisand aurait pu être une chouette entrée en matière si l'auteur n'avait, au fil de la centaine de pages de ce court roman, quelque peu perdu le fil de son idée. Au départ de l'ouvrage, une intuition sympathique donc : l'histoire d'un homme qui devient obsédé par l'idée de mordre. L'introduction est soignée (l'individu en question se propose de nous raconter ce qui lui est arrivé et qui s'annonce bien : il a redécouvert sa nature animale, et, croit-on, est passé pas loin de la folie). Le prof nous raconte son affaire où on s'attend donc à ce qu'un crescendo l'amène à un peu plus de sauvagerie et de bestialité chaque fois.

On l'imagine déjà en train de mordre une nana, un flic, un élève : perspective plutôt réjouissante si Dan Nisand n'avait choisi finalement d'écrire sur tout autre chose.


Le héros nous raconte bien comment il se met à mordre tout ce qui tombe sous ses machoîres dans sa propre chambre et à déchiqueter avec avidité le contenu de son réfrigérateur (pas de scène de dévoration de viande rouge) mais délaisse assez vite cette veine amusante pour raconter la fascination du héros pour un jeune prolo qui habite son immeuble et se balade avec un énorme chien d'attaque.

Le Mâtin de Jimmy (ce genre de gros chien méchant) devient alors le support d'une symbolique et lourdaude admiration pour la spontanéité et la brutalité putative des êtres sans éducation. Nos scènes espérées de renversement de l'ordre social par la morsure se terminent en journées passées dans l'herbe à partager façon homoérotique le culte du gros chien et de sa puissance. Si Nisand réussit à nous surprendre par une fin effrayante et astucieuse (je ne la raconte pas), ce Morsure restera, pour nous, l'illustration qu'il faut en littérature, comme ailleurs, S'EN TENIR A SON SUJET.

Cette sorte de roman-nouvelle ne peut s'accommoder de digressions ou de détours en dehors du programme annoncé, sous peine de ne pouvoir récupérer suffisamment de percussion littéraire pour nous convaincre qu'elles ont rempli leurs engagements. S'agissant d'un premier roman, Nisand est partiellement excusable. Morsure témoigne d'une belle imagination, même si le style (je n'en ai pas parlé) est parfois un peu affecté (mais il s'agit du récit d'un prof après tout). On suivra néanmoins ses prochaines publications avec attention.

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