L’importance du travail philosophique de Gilles Deleuze en interdit un résumé trop rapide. Nous pouvons toutefois souligner, dans l’ensemble de ses meilleurs livres de philosophie , depuis son premier livre, Empirisme et subjectivité (1953), jusqu’à la préface à L’Apocalypse de D H. Lawrence (1978), une préoccupation constante, celle d’affirmer la possibilité d’une «métaphysique en mouvement, en activité», c’est-à-dire encore de renouveler la philosophie dans le sens, nietzschéen, d’une pratique mobile, qui rappelle aussi, d’après une métaphore empruntée à l’archéologie, «nomade».
Il ne s’agit pas de voir Deleuze en théoricien ou en historien du cinéma. Mais bien comme un homme qui prend comme champ d’investigations le cinéma. Suzanne Hême de Lacotte ne sombre donc pas dans le jugement, mais démontre dans un juste équilibre que le cinéma peut s’aborder philosophiquement, surtout lorsque l’on veut en saisir la pleine mesure. La philosophie doit cesser d’être un ravalement des différences, des singularités. Mais en même temps les singularités ne valent que dans la mesure de leur extension, de leur action, dans le champ social et la réalité physique tout entière… Le cinéma devient un terrain de jeu, un lieu d’expérimentation. Mais il ne faut pas s’arrêter là ! Il faut jouer avec lui et montrer combien nous n’avons pas compris ses mots-images et ses concepts-chocs.
Bref, allons au cinéma et dégueulons notre pensée post-moderne !
Auteur : Suzanne Hême de Lacotte
Titre : Deleuze : philosophie et cinéma
Editeur : L’Harmattan
Collection : L’art en bref
Année : 2001
Prix indicatif : 11,43 €